Petit dialogue avec moi-même

- Donc, voilà, moi c'est A., enchantée

- Moi de même, d'ailleurs moi de même pour le A aussi...

- Comment ça va ?

- Moyen... Nan en fait ça va très bien (sourire faux-cul)

- ah...ok... parles moi un peu de toi...

- C'est l'année de mes 36 ans, j'ai deux enfants, ChochotteMan (5 ans, son deuxième nom c'est PipeletteMan) et Hulk (3 ans)... Et un concubin, qui n'est pas vraiment cubain (non, mais il n'est pas tout le temps le reste non plus hein !), il est portugais (c'est peut-être un détail pour vous, mais pour lui ça veut dire beaucoup...).

- En un mot, comment se passe ton quotidien ?

- aïe...

- Tu viens de te faire mal ?

- Non, c'est le mot qui définit mon quotidien (mine ultra desespérée) 

- Vas-y racontes ! Non, en fait, non, je m'en fous !

- ...

- Comment tu as vécu les évènements de la semaine dernière ?

- C'est effrayant de voir que l'on peut être tué pour son sarcasme et son humour. Je n'ai jamais acheté Charlie Hebdo, juste vu quelques caricatures sur divers sujets sur la toile. J'ai parfois ri, souvent souri, et quelques fois ça ne m'a pas touché plus que ça. Mais aucun de leur dessin ne méritait qu'on les assassine, ça c'est sûr. Puis est venu le message, "Je suis Charlie", le rassemblement, l'espoir, la France soit-disant unie... puis je me suis posée des questions... combien ont décidé de manifester, juste pour dire qu'ils étaient là ? combien ont dû se dire, une fois la journée de dimanche passée, qu'ils ont fait ce qu'il fallait et qu'ils pouvaient retourner à leur petite vie tranquille... Un rassemblement pour la Liberté d'expression... Une Liberté essentielle qui n'est pas morte le 7 janvier 2014... non, car elle n'a jamais été vraiment appliquée... jamais... et malgré ce qu'il s'est passé, elle ne l'est toujours pas... il suffit de lire tous les commentaires Facebook des articles qui en parlent depuis une semaine, pour s'en rendre compte...Ca fait peur... J'ai peur...

- comment envisages-tu ton avenir ?

- C'est surtout celui de mes enfants que je veux envisager... trouver un travail pour qu'il ne manque plus de rien, pour que les prochaines fois qu'on ira ensemble au resto du coeur, ce soit en tant que bénévoles et non en tant que bénéficiaires... et puis j'aimerais faire redescendre papa sur terre, pour qu'il arrête de croire que c'est un artiste, qu'il arrête de croire qu'il peut faire fortune à l'étranger, qu'il rêve en gardant les pieds sur terre... non pas que je ne veux pas enseigner à mes enfants que l'on peut rêver, mais il faut en avoir les moyens, car si on entraîne ceux qu'on aime dans la misère, où est l'intérêt de rêver ?